Le groupe de gaz industriel français Air liquide fait de l’hydrogène son prochain cœur de métier. Il vient de créer un partenariat sur la R&D concernant des transports fonctionnant à l’hydrogène avec le Portugais CaetanoBus et la filiale Europe de Toyota Motors. La filiale américaine d’Air Liquide, Airgas, acquise par le groupe en 2015, n’est pas en reste. Elle a signé, dans le même temps, un partenariat avec Hyzon Motors pour tester deux camions fonctionnant avec ce combustible.

L’hydrogène n’est pas une ressource énergétique naturelle immédiatement disponible c’est un vecteur énergétique. Aujourd’hui dans le monde pour des raisons économiques, la quasi-totalité de l’hydrogène est extrait de combustibles fossiles, chauffés à très haute température. Cependant, l’hydrogène peut aussi être obtenu à partir de l’eau, par électrolyse. Le bilan carbone de l’hydrogène produit avec de l’eau dépend alors de la source d’énergie nécessaire à son extraction. L’hydrogène pourrait ainsi jouer un rôle majeur pour atteindre la neutralité carbone, à condition de décarboner sa production. Il a l’avantage, malgré la déperdition, de pouvoir stocker l’énergie produite par le renouvelable, dont la production est beaucoup moins linéaire que l’électricité issue des énergies fossiles.

La filière hydrogène se développe en Europe, poussée par le Green Deal mais aussi, en parallèle, par des plans nationaux comme en Allemagne. Grâce à des entreprises engagées comme Air Liquide, Symbio (filiale Michelin et Faurecia) ou Genvia, la France veut devenir un leader de l’hydrogène décarboné. L’investissement de l’État dans ce secteur est passé de 100 millions d’euros en 2018 à plus de 7 milliards, au travers de deux plans majeurs, France Relance en 2020 et France 2030 en 2021. L’objectif est de produire 6,5 GW par électrolyseur ce qui permettra d’économiser 6 M de tonnes de CO2 en 2030 et la création de 100 000 emplois en France, selon France Hydrogène.

La France peut compter sur un tissu industriel de pointe composé au minimum de 2 Gigafactories d’ici 2030, mais également de startups comme Elogen, (ex-Areva H2Gen) ou Lhyfe. Lhyfe, née à Nantes en 2017, a inauguré en Vendée le premier site industriel au monde connecté directement à un parc éolien et à une réserve d’eau de mer permettant l’électrolyse. L’entreprise a conclu un accord avec l’Américain Plug Power pour développer des usines de production d’hydrogène décarboné dans toute l’Europe. Elle mène de nombreux projets innovants, en partenariat avec des entreprises européennes, comme le Suédois WPD ou l’Allemand Enerparc AG. Elle est également en train de préparer son entrée en bourse après une levée de fonds de 10 M€ en avril 2022 auprès du conglomérat japonais Mitsui & Co.